UN TRUSQUIN MULTIFONCTIONS, Pour quoi faire ?
Le trusquin est un outil quasiment indispensable dans tout atelier mécanique digne de ce nom ! Dans sa version courante, celle que tout le monde connait, il sert à tracer de fines lignes à une hauteur définie. Ainsi, il devient possible de pointer les emplacements de futures trous, usinages etc.
Mais pourquoi s’en tenir à ce simple usage ?
Un trusquin de bonne facture, d’occasion si le prix vous dissuade, vous offrira peut-être une colonne d’une section remarquable. Si c’est le cas, vous aurez une belle rigidité permettant de faire un petit peu de métrologie. Bien sur, vous n’aurez pas une véritable colonne de mesure, mais un outil bien pratique et d’une précision suffisante pour des projets basiques.
QUELS IMPERATIFS ?
Il faut connaitre la géométrie de votre outil, et la corriger si elle n’est pas suffisante :
- La semelle doit être bien plane.
- La colonne doit être bien perpendiculaire à la semelle.
- La colonne doit être rectiligne.
- La rigidité doit être importante, et avec absence de jeux parasites.
Inutile donc de démarrer l’aventure avec un trusquin asiatique de facture hasardeux !
LE COTE MULTIFONCTIONS :
C’est tout simple :
- d’un coté une pointe en carbure (de préférence) pour marquer.
- De l’autre coté, une compatibilité totale avec le matériel de mesure standard (comparateurs, pupitas etc)
Pour arriver à cette compatibilité, j’ai fait le choix d’utiliser des composants de Ø4 et 8 mm. Ces 2 diamètres sont les diamètres les plus utilisés pour fixer les accessoires de mesure. Ma pointe à tracer aura donc un Ø4 mm et elle sera fixée sur une tige de Ø8 mm.
LA FABRICATION :
La partie se logeant dans le trusquin sera propre à chaque projet. Ici, mon trusquin possède une rainure porte-outil de 7 mm de large et 9 de haut. J’ai donc fabriqué une tige rectangulaire de 7 mm de large, se terminant par un oeil accueillant un écrou de bridage de comparateur. J’ai ensuite utilisé un bout d’acier STUB de Ø8 mm pour faire le porte-pointe à graver. Au bout de cette barre en STUB, j’ai pratiqué un simple trou de 4 mm et une fente de serrage.
Petite subtilité importante :
Pour pouvoir tracer jusqu’au plus près du bas de la pièce, j’ai percé le trou de Ø4 mm recevant la pointe en carbure en le faisant déborder sur le bout de la barre de Ø8. Ainsi, ma pointe en carbure dépasse sous son support, on peut donc l’amener au contact du sol et graver jusqu’à une hauteur de 0 mm.
La pointe à graver est une queue de fraise carbure HS. J’ai affuté une pente à 30° afin d’avoir une arête coupante en bout, pour avoir une gravure fine. La pointe étant fixée sur une tige cylindrique, il sera possible de la remonter et/ou de la retourner afin de graver de coté, ou pour éviter les blessures accidentelles en heurtant la pointe.
Et voila, la partie marquage est pleinement opérationnelle. Place aux vérifications et ajustements nécessaires à la fonction mesure.
FONCTIONS DE MESURE DU TRUSQUIN MULTIFONCTIONS :
J’ai voulu une fonction de mesure sur mon trusquin pour localiser par exemple des trous, en palpant en haut et en bas à l’aide d’un pupitas. Cette fonction serait déjà opérationnelle dans l’état actuel du trusquin.
MAIS !
Mais j’ai souhaité ajouer aussi une fonction de mesure de la perpendicularité… ne nous emballons pas, on ne cherchera pas le micron, mais quelques centièmes seront déjà bien !
PERPENDICULARITE : PRECAUTIONS INDISPENSABLES !
C’est la partie la moins facile. 😬
Pourquoi ? Et bien simplement car il va falloir s’assurer de :
- La perpendicularité entre la colonne du trusquin et la semelle.
- L’absence de jeu entre la coulisse et la colonne.
- La bonne rigidité de la colonne.
Mon trusquin possède une colonne massive, avec un lardon de réglage pour le coulissement sans jeu de la coulisse. De ce coté, tout va bien ! Par contre je le pourrai pas mesurer de coté, car il n’y a un lardon que dans le sens de la longueur.
Pour la vérification de la perpendicularité, j’utilise mon équerre en granite DIY
Je vais simplement palper la surface de l’équerre en balayant toute la course du trusquin. Le comparateur m’indiquera alors le défaut d’équerrage de mon trusquin.
Entre le bas et le haut de l’équerre, le comparateur parcourt une déviation de 56 à 57µ. Ceci représente un peu moins de 0,06 mm. C’est bien trop pour faire une quelconque mesure sérieuse.
Je vais donc devoir gratter la surface d’appui de la semelle pour ajuster l’inclinaison globale du trusquin.
TRUSQUIN MULTIFONCTIONS : CORRECTION DE LA GEOMETRIE
Les appuis sous la semelle sont relativement usés, rayés, légèrement arrondis. comme le montre la première photo ci-dessous. Je les ai donc repris par grattage manuel, en insistant sur certains cotés plus que d’autres, afin de corriger au passage mon défaut d’équerrage. La deuxième photo ci-dessous montre la semelle après grattage. On a maintenant 3 appuis bien plans, et dont la hauteur a été corrigée pour obtenir une bonne perpendicularité par rapport à la colonne.
LE RESULTAT ?
Après grattage, j’obtiens un défaut de l’ordre de 5µ sur la hauteur du trusquin. Disons pour simplifier que j’ai maintenant moins de 0,01 mm. Je peux donc maintenant utiliser mon trusquin comme petit support de mesure, pour faire de la mesure de hauteur, mais aussi de perpendicularité…sans prétention d’égaler un vrai moyen de mesure tel qu’une vraie colonne de mesure ! 😜
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